Bon à savoir
Lutter contre la crise exige beaucoup d’énergie et de volontarisme. Mais ces qualités ne suffisent pas en soi : encore faut-il les utiliser à bon escient pour agir efficacement et ne pas se disperser. Cela pose au premier chef la question de l’information disponible et de sa bonne utilisation par le dirigeant. Or, le volume et la technicité des informations pertinentes, dans le registre social et fiscal notamment, sont trop vastes pour permettre au dirigeant de s’y repérer par lui-même. D’où l’intérêt de consulter des experts internes ou externes à l’entreprise, non pour déléguer la prise de décision, mais bien pour en éclairer et en maîtriser tous les enjeux.
En pratique
Catégorisez le type d’information requise – droit social, fiscal, réglementations diverses… – et évaluez votre capacité à l’obtenir facilement, soit par vos propres moyens, soit en vous appuyant sur des expertises internes à l’entreprise (par exemple, le responsable des ressources humaines, le responsable administratif, le responsable financier…) ; si votre démarche est hésitante, le résultat obtenu incertain, les délais de prise d’information démesurés, alors vous pouvez être sûr que vous mettez en danger votre entreprise.
Recourez aux services d’un ou plusieurs experts extérieurs à l’entreprise, qui vous aideront à vous poser les bonnes questions et sauront y apporter les bonnes réponses. Ce service peut occasionner une dépense non négligeable, malvenue en période de disette : pourtant, n’hésitez pas à débourser un peu d’argent si cela vous permet de mieux maîtriser vos paramètres de décision et ainsi mieux sécuriser votre action.
Ne négligez pas les organismes publics ! Même s’il n’est pas toujours facile d’entrer en contact avec le bon interlocuteur, des agents très compétents peuvent vous fournir des conseils décisifs. Vous pouvez obtenir de tels éclairages auprès des inspections du travail, des tribunaux de commerce, des URSSAF. N’hésitez pas non plus à vous déplacer directement sur place : les agents du service public apprécient qu’un dirigeant vienne vers eux pour une recherche conjointe de solutions plutôt que d’entendre leurs habituelles récriminations ! Cela donne plus de poids à votre démarche et incite vos interlocuteurs à consacrer plus de temps à votre dossier. Des résultats très concrets peuvent être escomptés : validation du chômage partiel dans une entreprise de services où il est souvent très difficile de le mettre en place ; négociation d’un étalement de dettes sociales et fiscales, généralement sur des périodes de six à douze mois sans la moindre pénalité ; conseils précieux sur la manière de bâtir un plan de licenciements, etc.
Cette attribution est méconnue, mais le tribunal de commerce peut jouer un précieux rôle d’alerte et de conseil auprès du dirigeant, si les risques pesant sur votre activité sont jugés suffisamment sérieux. Cette prérogative dite de « prévention » s’exerce à l’initiative du président du tribunal lui-même, ou du chef d’entreprise. N’hésitez donc pas à y recourir si vous avez de fortes inquiétudes quant à l’évolution de votre activité. Le dispositif de prévention peut conduire à la désignation d’un tiers (administrateur ad hoc ou conciliateur) qui aide le dirigeant dans sa gestion de crise et peut, le cas échéant, négocier avec les principaux créanciers de l’entreprise.
Les fédérations professionnelles et les syndicats patronaux sont également des sources d’information vers lesquelles se tourner. Toutes les organisations ne disposant toutefois pas du même niveau d’information, ni des mêmes expertises, mieux vaut parfois se tourner vers des réseaux d’entrepreneurs spécialisés, telle que l’association Recréer, qui réunit des chefs d’entreprise ayant connu l’épreuve – initiatique ? – du dépôt de bilan. Ces associations d’entrepreneurs présentent souvent l’avantage de donner accès à des informations fiables, validées par l’expérience, et permettent au dirigeant d’entrer en relation avec des individus aux histoires similaires, disposant d’une même connaissance du monde entrepreneurial.
Alerte rouge !
Lorsque vous avez le sentiment de pouvoir traiter par vous-même une question pour laquelle vous ne disposez d’aucune expertise avérée.
À retenir
S’appuyer sur les conseils d’experts, internes comme externes, est autant une marque d’humilité qu’un gage de responsabilité. Aucun chef d’entreprise ne peut en effet prétendre maîtriser l’intégralité des informations requises pour prendre la bonne mesure au bon moment. Solliciter l’avis d’experts pour maîtriser soi-même l’information : le discernement dans l’action est à ce prix.