Bon à savoir
Plus la situation d’une entreprise se dégrade, plus il est tentant pour son dirigeant de dissimuler l’ampleur des difficultés, que ce soit vis-à-vis de ses collaborateurs ou de ses partenaires extérieurs. Loin de préserver la cohésion des équipes et leur motivation, cette attitude est la voie ouverte à tous les soupçons, à tous les fantasmes. Nier les difficultés finit tôt ou tard par se retourner contre le chef d’entreprise, qui se prive d’appuis et de soutiens, tant internes qu’externes, indispensables pour améliorer la situation.
En pratique
Tout au long de la vie de l’entreprise, et pas seulement en temps de crise, la transparence est une ligne de conduite payante pour le dirigeant. C’est ce qui lui permet de donner sens et autorité à une mesure impactant le développement de l’entreprise, donc son avenir. Cette stratégie livre tous ses fruits en période de crise, car la culture de la transparence et de la pédagogie confère une plus grande crédibilité et une autorité renforcée aux annonces du dirigeant, qui peut ainsi exiger des sacrifices sans susciter l’hostilité des équipes.
Anticipez l’annonce de mauvaises nouvelles. Dans la mesure où celles-ci ont été mûries, préparées et planifiées, vous disposez d’une visibilité à plusieurs semaines. Cela vous laisse le temps de peaufiner votre argumentaire, pour justifier chacune des mesures prises, ses avantages, ses inconvénients ; cela vous permet également de préparer des contre-feux motivationnels pour atténuer l’impact de la mauvaise nouvelle et ménager une possibilité de rebond (par exemple, le lancement d’un projet transverse, l’annonce d’une bonne nouvelle…) ; cela vous offre enfin la possibilité de préparer psychologiquement le terrain, pendant un petit mois, en communiquant sur les éléments de conjoncture qui motiveront ultérieurement votre annonce : expliquez en quoi la situation est délicate, pourquoi la trésorerie de l’entreprise se dégrade très vite, pour quelles raisons la visibilité reste faible…
Instituez un temps d’échange privilégié avec les collaborateurs, à rythme bimensuel ou mensuel. La durée doit être limitée et l’ordre du jour dicté par les messages que vous souhaitez faire passer. Partagez l’exercice de communication avec la direction : celle-ci doit être régulièrement mise en avant pour montrer que le gouvernail de l’entreprise est bien tenu, collectivement. Annoncez les mauvaises nouvelles au début de votre prestation, en les analysant avec clarté et objectivité (si vous expliquez par exemple que la trésorerie s’effondre, il faut expliquer pourquoi : baisse du chiffre d’affaires de 35 % sur les trois derniers mois, sortie d’argent importante pour telle ou telle raison…), puis achevez votre intervention sur deux nouvelles positives ou deux objectifs mobilisateurs à court terme. Un petit-déjeuner ou un pot de fin de journée se prête particulièrement à ce type d’exercice ;
Adoptez ce parti pris de transparence avec vos partenaires commerciaux (voir fiche conseil n° 8), mais aussi vos partenaires financiers. Avec prudence cependant : si les actionnaires – dans une PME tout au moins… – ont vocation à être les alliés du dirigeant, et doivent donc être informés de la situation de l’entreprise dans la plus totale transparence, il en va un peu différemment des banquiers. Sans travestir les bilans d’activité ou le plan de trésorerie, ce qui serait lourd de conséquences sur la crédibilité future du dirigeant – ne serait-ce qu’aux yeux du juge amené à se prononcer sur les suites à donner à un éventuel dépôt de bilan -, il faut savoir livrer une interprétation nuancée et optimiste des chiffres, tout en affichant une volonté et une confiance intactes. Un banquier s’inquiétant vite, se protégeant vite et se détournant vite, ne prenez pas le risque de conforter les doutes qui ont pu germer en lui (voir fiche conseil n° 4).
Alerte rouge !
Lorsque remonte à vos oreilles l’écho de rumeurs négatives sur la situation de l’entreprise, que ces rumeurs émanent de sources internes ou externes (clients, fournisseurs, concurrence).
À retenir
La transparence est d’autant plus payante qu’elle est perçue, tant par les collaborateurs que les partenaires, comme une preuve de la confiance et de la détermination du dirigeant à améliorer durablement la situation de l’entreprise. La transparence est aussi un bon moyen de sensibiliser les équipes à l’ampleur des enjeux et de les associer plus étroitement au redressement de l’entreprise.