Bon à savoir
L’un des paramètres les plus délicats à manier en période de crise est celui du temps. Il est en effet rare que le rythme des événements et les contraintes dévorantes du quotidien octroient au dirigeant un temps de réflexion suffisant pour analyser sereinement une situation. L’avenir de l’entreprise semble souvent se jouer en une poignée de secondes, sans que les tenants et aboutissants d’une action ou d’une décision puissent être pleinement appréciés. Il est essentiel que le dirigeant parvienne à surmonter ce paradoxe, propre aux contextes de crise, pour demeurer maître de la situation.
En pratique
Catégorisez vos actions. Certaines actions relèvent du domaine commercial, d’autres du domaine financier, d’autres encore du domaine des ressources humaines. Elles sont toutes liées d’une manière ou d’une autre, mais n’ont pas forcément le même degré de priorité ; et si elles l’ont, segmenter les enjeux et les registres d’action est une bonne manière de ne pas se sentir noyé sous le nombre de décisions à prendre.
Hiérarchisez vos actions. En période de crise, il convient plus que jamais de se fier au bon sens et d’agir avec pragmatisme. En l’espèce, le pragmatisme consiste à privilégier les actions susceptibles d’améliorer rapidement votre situation financière de court terme. Ne conférez dès lors pas de caractère prioritaire à des mesures coûteuses en temps et en argent sans avoir l’assurance qu’elles seront très rapidement compensées. À titre d’exemple, il peut être contre-productif de démarrer le recrutement d’un collaborateur à haut potentiel au motif qu’il permettra de relancer l’activité en quelques mois : vous êtes sûr d’alourdir considérablement vos frais de fonctionnement, sans avoir l’assurance d’engranger les bénéfices commerciaux escomptés.
Malgré l’urgence, ne prenez pas de décision stratégique sans vous être préalablement accordé un temps de réflexion. Cette réflexion peut être l’affaire de quelques heures, plus raisonnablement de quelques jours. En revanche, repousser de plusieurs semaines un arbitrage peut faire perdre un temps précieux et exposer à des difficultés irrémédiables : en période de crise, le temps joue contre vous, et l’indécision se révèle aussi dommageable que la précipitation.
La plupart des décisions à prendre en contexte de crise engagent votre responsabilité personnelle : cela ne justifie pas pour autant que vous les preniez seul. Vous devez au contraire consulter votre entourage professionnel et éventuellement solliciter des avis extérieurs (voir fiche n° 2) avant toute décision que vous jugez cruciale : cela rend votre responsabilité un peu moins écrasante, tout en vous permettant d’agir avec plus de discernement ;
Quelle que soit sa portée symbolique, matérielle, humaine, assumez toujours votre décision. Il n’y a aucun critère absolu pour savoir si la décision est bonne ! Souvent, l’impact réel d’une action ne peut se mesurer avant plusieurs semaines, parfois plusieurs mois : il est donc inutile, pour ne pas dire préjudiciable, d’attendre la confirmation du bien-fondé de son action pour passer à l’étape suivante. Et quand bien même la décision prise s’avérerait sans effet, voire dommageable, ne gaspillez pas vos énergies en vains remords : vous aurez bien le temps plus tard !
Alerte rouge !
Lorsque vous ne parvenez pas à distinguer quelle décision doit être prise en priorité.
À retenir
En période de crise, l’action tient souvent lieu de réflexion. Pour agir avec le plus de discernement possible, il est vain d’attendre d’être sûr du bien-fondé de sa décision. Mieux vaut agir avec résolution en poursuivant des buts pragmatiques. Pour autant, indécision et précipitation étant tout aussi néfastes à l’action efficiente, il est impératif de savoir s’octroyer des temps d’analyse et de méditation : passer quelques heures en fructueuses réflexions pour gagner plusieurs semaines d’action efficace, l’équation est sans appel.