Bon à savoir
Ne nous mentons pas : dans un contexte d’accumulation de difficultés et en l’absence désespérante de bonnes nouvelles, l’idée de tout abandonner trotte souvent dans la tête du chef d’entreprise. Que de fatigues épargnées, que d’angoisses évitées si le combat s’arrêtait là ! Pourtant, capituler ne sert qu’une cause : celle de la fatalité. En poursuivant le combat, avec courage, avec orgueil, le dirigeant ne sert pas uniquement son ego : il se donne la possibilité de rester maître jusqu’au bout des destinées de son entreprise.
En pratique
L’envie de tout arrêter précède souvent la survenance d’un événement redouté, éprouvant nerveusement et violent pour l’estime de soi : licenciements, rendez-vous avec un fournisseur dont on ne peut honorer les factures, audience au tribunal de commerce… Plutôt que de percevoir cet événement comme le mur aveugle d’une impasse, portez votre regard au-delà, en faisant la liste de tout ce que vous aurez à faire la même semaine et les semaines suivantes : vous vous rendrez compte que les directions à emprunter sont multiples et identifierez sans doute d’autres événements d’une importance équivalente, qui ne concentrent pas pour autant la même charge émotionnelle. À défaut de le relativiser, cela dédramatisera l’événement qui vous cause tant d’appréhension.
La crise ne charrie pas qu’un cortège de mauvaises nouvelles : le quotidien est aussi jalonné de bonnes surprises, de notes d’espoir. Même si elles peuvent vous sembler bien modestes par rapport aux difficultés auxquelles vous êtes confronté, sachez reconnaître ces bonnes nouvelles et vous en féliciter. Elles sont la preuve que votre entreprise dispose d’atouts réels pour faire face à l’adversité et peuvent préfigurer la survenance de nouvelles meilleures encore.
L’accablement peut résulter de l’accumulation de mauvaises nouvelles, qui finissent par former une chape de plomb ; il peut également résulter d’un événement unique, bouleversant, dont l’impact a été considérable sur le moral du dirigeant. Dans le premier cas, il convient de dissocier les mauvaises nouvelles, en accordant à chacune sa juste mesure, et en la réinscrivant dans son contexte. Le but étant de rompre avec l’effet de masse qui semble s’abattre d’un seul mouvement sur le dirigeant.
Plutôt que d’essayer de contrer un événement crucial sans être en peine possession de vos moyens, physiques et intellectuels, acceptez d’être passagèrement déboussolé et occupez votre esprit et votre temps à des activités sans lien avec l’entreprise.
Nouez une relation de confiance avec une personne référente, qui connaît le monde de l’entreprise et à laquelle vous pouvez livrer vos inquiétudes et vos doutes, tant au sujet de votre situation professionnelle que personnelle. Il ne faut en effet pas perdre de vue que le dirigeant doit généralement mener deux combats de front : l’un pour sauver son entreprise et l’autre pour sauver son patrimoine personnel (maison, biens…). Deux combats étroitement imbriqués si le dirigeant s’est porté caution à titre personnel de prêts contractés pour financer le développement de son activité. C’est dans ce type de situation qu’une personne de confiance peut vous aider à prendre du recul sur une situation qui vous paraît inextricable.
Alerte rouge !
Lorsqu’on ne parvient plus à distinguer les bonnes nouvelles des mauvaises.
À retenir
Le chef d’entreprise ne doit pas culpabiliser s’il éprouve à un moment ou à un autre l’envie de tout arrêter, de rendre les armes. Il doit au contraire tirer profit de ces moments de détresse pour prendre conscience des impasses de la résignation : échouer en ayant le sentiment que tout n’a pas été tenté compromet la capacité du chef d’entreprise à se reconstruire, à regagner rapidement la confiance en soi et l’estime nécessaires à toute nouvelle entreprise de vie.