Bon à savoir
Au nom d’un sens élevé des responsabilités, mais aussi parce qu’il méconnaît ses limites ou parce qu’il panique, le dirigeant confronté à la crise est tenté de consacrer la moindre seconde de sa vie au sauvetage de son entreprise. Or, si la gestion d’une situation de crise requiert bel et bien une vigilance de tous les instants ainsi qu’une mobilisation extraordinaire de son énergie, elle ne peut justifier la mise sous scellés de ses facteurs d’équilibre.
En pratique
La crise ne pénètre pas seulement le corps social de l’entreprise : elle s’immisce dans la chair du dirigeant – et de ses salariés. Respiration opprimée, rythme cardiaque accéléré, douleurs musculaires, troubles divers : la condition physique est l’un des terrains de conquête privilégiés de la crise. La lutte s’opère donc ici aussi, pour libérer un corps captif et lui redonner la pleine possession de ses moyens. Imposez-vous des plages d’activité physique intense, une à deux fois par semaine, des randonnées, des séances de relaxation pour réapprendre à respirer, évacuer vos tensions et retrouver toute votre énergie.
En même temps qu’elle domine le corps, la crise ne tarde pas à prendre possession de l’esprit. Au point de devenir obsessionnelle. Vous devez impérativement contrecarrer ce danger en guidant votre attention vers vos centres d’intérêt habituels, en en explorant de nouveau, en vous forçant à lire, à aller au cinéma, à visiter des expositions. Même si votre concentration reste superficielle, vous vous donnez la possibilité de réfléchir autrement et à autre chose, ce qui renforce votre capacité de discernement et peut même vous inspirer des solutions créatives et originales.
Maintenez une vie sociale ! Ne tournons pas autour du pot, la crise peut réveiller ou faire naître des syndromes dépressifs chez le dirigeant, qui perd chaque jour – à tort – un peu d’estime et de confiance en soi. Les soins du corps et de l’esprit préserveront d’autant mieux le dirigeant que ce dernier maintiendra une vie sociale de qualité. Bien qu’il soit souvent tentant de rester chez soi, tous volets fermés et toutes lumières éteintes, vous ne devez surtout pas vous couper de vos réseaux de sociabilité : continuez à voir vos amis, à les recevoir ou à vous rendre chez eux, maintenez vos activités associatives ou électives, même si vous devez y consacrer moins de temps. Une fois de plus, c’est moins la quantité qui compte que la qualité !
Si vous avez la chance d’être entouré d’une famille aimante, prenez la mesure de votre privilège et préservez-le. Ne négligez pas vos proches, maintenez le plus possible des moments de complicité et d’intimité avec eux, même si votre pensée est happée par mille autres préoccupations. Surtout, comptez sur leur soutien, leur affection et leur compréhension, pour pouvoir au moins une fois, le temps que durera la crise, vous montrer vulnérable…
Alerte rouge !
Lorsque le dirigeant perd l’envie de s’adonner à des activités auxquelles il accordait une grande importance avant la crise.
À retenir
Quand bien même elle flatte un ego malmené par les difficultés du moment, la posture sacrificielle est une impasse, au même titre que le fantasme d’omnipotence ou l’illusion d’invulnérabilité. Cela aboutit tôt ou tard à une forme de repli sur soi, qui épuise l’énergie, la créativité et finalement la combativité. En revanche, en préservant ses équilibres, le chef d’entreprise se crée de précieuses soupapes de sûreté, qui l’aident à conserver durablement ses capacités de discernement et d’action.